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02.04.2007 :


 

Vers une stratégie de sécurité alimentaire à Djibouti

Avec une population essentiellement urbaine, frappée de plein fouet par le chômage (60 %), Djibouti fait face à une malnutrition inquiétante, supérieure à ce que l’on rencontre habituellement dans les zones de conflits. C’est dire la gravité de la situation.
La pauvreté (entre 1996 et 2002, la pauvreté relative est passée de 64,9 à 74,4 % et la pauvreté extrême est passée de 34,5 à 42,2 %) et la faiblesse des services sociaux de base (santé, éducation, accès à l’eau potable, assainissement…), la dépendance économique vis-à-vis des activités portuaires, la crise du pastoralisme et la dégradation des ressources naturelles confrontées au sécheresses récurrentes (96,7 % des ruraux sont relativement pauvres et 83 % sont extrêmement pauvres), les prix des produits alimentaires (plus de 95 % de l’alimentation est importée du marché régional ou international) sont autant de facteurs de vulnérabilité des ménages, des régions et du pays dans son ensemble.

La présidence de la République de Djibouti vient de mettre la sécurité alimentaire au premier rang de ses priorités. Un Conseil national de sécurité alimentaire a été constitué. Il réunit les départements ministériels et les acteurs concernés par les problèmes alimentaires et nutritionnels.
Sollicitée pour appuyer la conception d’une stratégie de sécurité alimentaire, l’USAID a mis à disposition un expert du Bureau Issala par l’intermédiaire de Fewsnet, le système d’alerte précoce contre la famine.

Rappel des données de malnutrition (en % des enfants de moins de 60 mois) :

 

Modérée

Sévère

Total

Malnutrition aiguë¹

17,9

5,9

23,8

Malnutrition chronique¹

23,0

8,9

31,9

Insuffisance pondérale¹

26,8

8,3

35,1

Malnutrition aiguë²

20,4

7,1

27,5

Malnutrition chronique²

32,2

19,2

51,4

Insuffisance pondérale²

28,6

9,9

38,5

Sources :
1. Enquête sur la santé et la famille (ministère de la Santé – PAPFAM), 2002.
2. Enquête djiboutienne à indicateurs multiples (EDIM), 2006.

Définitions :
La malnutrition chronique est signalée par un retard de croissance par rapport à l’âge. Elle est mesurée par un rapport « taille sur âge » inférieur à une certaine valeur. C’est une conséquence d’alimentation inadéquate, de maladies ou d’infections pendant une période relativement longue ou qui se répètent (comme le paludisme).
La malnutrition aiguë se signale par une maigreur qui est mesurée par un rapport « poids sur taille » inférieur à une certaine valeur. C’est une conséquence d’alimentation insuffisante sur une période plus courte ayant précédé les mesures, de maladies récemment contractées (par exemple la diarrhée) ou de détérioration des conditions d’alimentation.
L’insuffisance pondérale peut caractériser les deux formes de malnutrition et se mesure avec un rapport « poids sur âge » inférieur à une certaine valeur.
Chacune de ces trois formes peut être qualifiée de sévère ou modérée selon la gravité.


Le site de Fewsnet et les documents relatifs à la situation alimentaire à Djibouti

Le dernier rapport mensuel de Fewsnet sur la situation alimentaire

Une présentation synthétique de la problématique alimentaire et du processus de préparation de la stratégie nationale de sécurité alimentaire

 

 

Le numéro 37 de la revue Grain de sel (décembre 2006-mars 2007) se consacre à la souveraineté alimentaire
La souveraineté alimentaire à l’heure de la libéralisation

Le dossier de ce dernier numéro de Grain de sel publié par l’Inter-réseaux est consacré à la souveraineté alimentaire. Il s’inscrit dans les débats initiés par Via Campesina et le ROPPA, débats qui seront au cœur du Forum social mondial pour la souveraineté alimentaire (« Nyéléni 2007 ») qui s’est tenu à Sélingué au Mali du 23 au 27 février.
Dans un article introductif détaillé (p. 12-15) Roger Blein retrace l’évolution des concepts qui se sont succédés ces quarante dernières années pour apporter une solution à la faim dans le monde : autosuffisance puis sécurité alimentaire, droit à l’alimentation puis souveraineté alimentaire. Il replace les débats sur les politiques alimentaires dans une approche plus large de l’évolution du rôle des États et du commerce international dans la gestion de la sécurité alimentaire. Pour lui, la souveraineté alimentaire est avant tout un concept politique qui peut constituer une réponse aux crises des agricultures familiales et illustre un désir de reconquête des marchés nationaux et régionaux par les producteurs. Mais le concept ne dit rien sur l’insécurité alimentaire des populations pauvres qui recourent aux marchés pour se nourrir. L’article pointe l’ambiguïté de certains discours sur la souveraineté alimentaire qui, en mettant l’accent sur la seule protection des marchés ne serait finalement qu’un nouvel habillage du concept d’autosuffisance alimentaire nationale qui avait cours dans les années 1970 et dont on connaît le résultat.
À lire aussi un article très informé de Benoît Faivre-Dupaigre et Laurent Liagre de l’IRAM retraçant quarante années de politique rizicole en Afrique de l’Ouest.

 

La souveraineté alimentaire en Afrique de l’Ouest : des principes aux réalités !

Quoi de commun entre le Cap-Vert qui importe plus de 80 % de son alimentation et le Burkina Faso ou le Mali qui produisent l’essentiel de leurs besoins ? Peu de choses. Pourtant ils sont dans le même espace régional et se sont dotés d’une même politique agricole : l’ECOWAP, la politique agricole des États de l’Afrique de l’Ouest. Résultat du dialogue avec les organisations paysannes, cette politique régionale de la CEDEAO met en avant l’objectif de souveraineté alimentaire. Qu’est-ce que cette nouvelle approche recouvre ? Permet-elle de relever le défi alimentaire et d’atteindre les objectifs du millénaire pour le développement fixés par la communauté internationale ? Ou bien, la souveraineté alimentaire n’est-elle qu’un retour à l’autosuffisance en vogue dans les années 1970.
C’est à ces questions que le document réalisé par le Bureau Issala pour le compte du Club du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest (O.C.D.E.) tente de répondre.

La version résumée
Le document complet sur la souveraineté alimentaire sur le site du C.S.A.O.-O.C.D.E. (à venir)
L’entrevue dans le numéro 75 de la revue Défis Sud
Les fiches de synthèse sur la sécurité alimentaire dans le Sahel, en français et en anglais (document édité pour le compte du CILSS en 2002)

Ce débat intervient dans le Sahel alors que les pays et la région mettent en œuvre des stratégies complètes de sécurité alimentaire sous l’égide du CILSS.
Les réflexions sur la souveraineté alimenaire sont aussi marqués par la crise alimentaire et nutritionnelle qu’a connu le Niger en 2004-2005.

Lien avec l’évaluation indépendante de la réponse du PAM à la crise alimentaire

Les notes de synthèse sur la dimension régionale de la crise nigérienne, le fonctionnement du dispositif national de prévention et de gestion des crises et enfin sur le dispositif d’information et d’aide à la décision, réalisées par le Bureau Issala sont éditées dans le rapport annexe de l’évaluation du PAM.
Voir le rapport « Niger, évaluation vol.2, annexes, mai 2006 ».

Lien avec le site IRAM, pour l’évaluation de la gestion de la crise alimentaire (dans le cartouche vert des références IRAM depuis 2000)

 

Cette crise du Niger a bousculé les approches traditionnelles des crises alimentaires. Pourtant la région sahélienne a acquis une capacité importante de prévention et de gestion des crises. Le réseau de prévention des crises alimentaires au Sahel (R.P.C.A.) a fait le bilan de vingt ans d’actions en ce domaine avec l’appui du Bureau Issala.
Version française, version anglaise